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Nestor Desilets nous quittait aux Piles, M. Prince nous quitte à Saint-Maurice, c’est ainsi que les amis se dispersent aux quatre vents du ciel dans les sentiers de la vie ; chaque brise qui passe en emporte quelques-uns.

Nous voici au chemin de fer du Pacifique Canadien ; il se trouve ici une petite gare, mais personne dedans. Quoi ! jusqu’à la compagnie du Pacifique qui fait des ménagements de bouts de chandelles, selon une expression populaire qu’on a bien tort de n’avoir pas mise au dictionnaire. Où y a-t-il besoin d’un chef de gare, et d’un chef bien sûr, si ce n’est à l’endroit où deux chemins de fer se réunissent. Et le pauvre postillon du Cap de la Madeleine, quand le train retarde et qu’il fait grand froid ou qu’il neige à plein ciel, est donc obligé de rester à la belle étoile pour attendre, car il n’y a pas de maison dans le voisinage. Que pensez-vous maintenant, chers lecteurs, du petit compliment que j’ai fait à cette compagnie, en parlant du bateau à vapeur des Piles ? Je le rétracte.

Nous entrons sur la voie du Pacifique, nous passons sur le grand pont de fer, et nous voilà à la gare des Trois-Rivières. M. le chanoine L. S. Rheault nous attend sur le quai ; il est tout enchanté de voir que Monseigneur a l’air si dispos. Nous montons dans la belle voiture de M. Lacombe, le fidèle cocher des prêtres ; M. Prince nous a quittés, mais M. Gravel le remplace auprès de Monseigneur. Tous les confrères de l’Évêché sont en belle humeur ; plusieurs viennent d’arriver d’un grand pèlerinage à Sainte-Anne de Beaupré. J’aime beaucoup sainte Anne, et j’aurais voulu faire ce pèlerinage à son sanctuaire vénéré, mais je ne puis avoir de regret en ce moment, j’ai l’esprit trop occupé du beau voyage que je viens de faire dans le Haut Saint-Maurice.

Mes bienveillants lecteurs, je vous remercie de l’attention soutenue que vous m’avez donnée ; je vous en garde une reconnaissance immortelle. Et comme plusieurs d’entre vous, en entendant parler ainsi du Saint-Maurice, ont regretté de ne pas voir figurer la