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que lui offre le pays où il se trouve. La vie est assez dure pour lui, n’allez pas la rendre plus pénible encore ; ne le parquez pas dans son petit domaine. Je veux que l’on dise au colon du Saint-Maurice : Ta famille a faim, mon brave, eh bien ! va dans le lac des Cinq et trouve là de quoi apaiser la faim de tes enfants. Tu n’as pas d’argent : Va faire la pêche dans tel lac que tu voudras, et descends à la ville pour vendre le produit de ton travail. Et si l’on vient me dire qu’une loi défend une chose si légitime, je dis que nos législateurs ont souffleté mon pays en fabriquant cette loi-là. Si l’on parle d’amende et de châtiment contre ce pauvre homme, je dis que c’est une chose criante, et qu’on ne se croirait plus dans le libre pays du Canada.

Sous le régime féodal on trouvait de ces défenses-là en faveur des Seigneurs, mais en compensation, on avait les avantages de ce système de gouvernement, qui n’étaient pas à dédaigner alors pour le peuple. Je vous le demande, quelle compensation nous donnerez-vous, à nous, pour avoir ainsi gêné notre liberté ? Oserez-vous montrer les misérables centins que les clubs vous ont payés ? Je vous dirai que tous les clubs des États-Unis et du Canada, réunis ensemble, n’ont pas assez d’or et d’argent pour acheter une parcelle de la liberté de mon noble pays.

Tout ce que le gouvernement peut faire, c’est de donner des privilèges à l’égard des autres clubs. Par exemple, un club de pêche aura loué le lac des Piles, il empêchera tous les autres clubs d’aller y faire la pêche.

C’est le Gouvernement qui donne l’existence légale aux clubs, il peut augmenter ou restreindre leur liberté, il peut décider à son gré des rapports qu’ils doivent avoir entre eux. Mais s’agit-il des individus ? halte-là, messieurs du Gouvernement, c’est Dieu qui les a créés et mis au monde, ce n’est pas vous. Il y a des limites que vous ne pouvez franchir.

4o J’ai pourtant à traiter d’un quatrième sujet toujours en faveur de nos colons. Ce sera en quelques mots cette fois.

Le Gouvernement vend ses terres trente centins