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trafiquants de pelleteries ; il est certain que même sous la domination française les coureurs des bois s’y rendaient pour faire le commerce des fourrures avec les Algonquins qui alors comme aujourd’hui habitaient ses bords.

Ils furent suivis de près par les missionnaires qui eux allaient répandre parmi les peuplades indiennes la bonne nouvelle de l’Évangile. Nous lisons dans les Relations des Jésuites qu’en 1651,[1] le Père Buteux partit de Trois-Rivières, avec un groupe d’algonquins pour remonter jusqu’aux sources du St-Maurice et de l’Outaouais. C’était au plus fort de la guerre d’extermination des Iroquois contre les Hurons. Surpris par un parti d’Iroquois, le Père Buteux et ses compagnons furent tués et mangés par ces barbares. C’est non loin de l’extrémité sud du lac Victoria que se serait passé un terrible épisode de cette guerre, que l’explorateur Sullivan raconte au long.[2] « Les Iroquois comme ils en avaient l’habitude, dit-il, avaient entrepris une expédition dans le but de scalper, et passant par un des nombreux chemins qu’ils connaissaient, étaient venus dans ce lieu asseoir leur camp pour la nuit sans allumer aucun feu. Un sauvage Tête de Boule, qui, avec un grand nombre des siens, était campé à la décharge du lac Barrière, naviguait doucement en cet endroit guettant le chevreuil, quand soudain il aperçut les canots. »


« Retournant effrayé, après avoir reconnu les Iroquois par la forme de leurs embarcations, il alla en toute hâte annoncer cette nouvelle aux gens de sa tribu, qui, après s’être préparés se précipitèrent vers l’endroit. Plusieurs des braves prirent le devant, et après avoir troué les canots de l’ennemi, rejoignirent le groupe de leurs camara-

  1. Relation de 1651.
  2. Exploration de la région de l’Outaouais 1908, p. 160 et 161.