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« Au premier abord les vastes régions désertes qui s’étendent au nord du St-Laurent, dans le haut bassin de l’Ottawa, et qui se prolongent au nord des grands lacs pour atteindre les immenses territoires du Nord-Ouest, semblent être des pays infertiles et glacés, qui se refusent à toute exploitation profitable. Il n’en est rien cependant, la limite où peut s’arrêter le travail débile de l’homme est encore bien plus reculée vers le nord, mais ces contrées froides et d’un abord difficile, couvertes de neige une partie de l’année ne séduisaient ni les émigrants européens, ni ceux des États-Unis ; ils préféraient les vastes plaines de l’Ouest avec leurs grandes voies navigables, leur climat tempéré et leur culture plus aisée. Ces émigrants d’ailleurs auraient été peu capables d’affronter cette rudesse du sol et de la température ; le peu d’entre eux qui se dirigent vers ces parages s’en déportent promptement et les quittent presque toujours pour descendre vers une zone plus chaude. »

« Ces immenses espaces semblent donc être destinés à l’expansion des Canadiens-français, et c’est là le théâtre que la Providence paraît avoir réservé à leur action. Là, pourront tranquillement s’étendre leurs enfants sans que de longtemps encore aucun étranger vienne se mêler à eux, et jusqu’aux limites de la culture possible, ils pourront se développer en paix, avec leur langue, leur caractère propre et toutes leurs habitudes. »

« Dans ce temps là, comme le disait il y a près de quarante ans, un conférencier prophétique, la patrie canadienne restreinte au midi et au sud-ouest, s’étendra vers le nord, embrassant des espaces plus vastes que ceux qu’elle occupe aujourd’hui. Le nord sera le domaine, la force de notre nationalité. »[1]

Emparons-nous donc au plus tôt de notre immense nord pour y établir le plus possible de nos compatriotes. C’est là

  1. L’abbé Proulx. — Ouvrage cité, p. 74.