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Voilà autant d’industries qui se développeront concurremment avec l’agriculture dans cette région, et qui retiendront auprès de nous ceux de nos compatriotes qui ne se sentent pas la vocation de colon.

Gardons pour eux ces richesses, dirigeons-les de ce côté ; en un mot « Emparons-nous du nord. »


EMPARONS-NOUS DU NORD !


« Le Nord, disait en 1882, l’abbé Proulx[1] le nord, voilà le champ ouvert à l’activité des Canadiens-Français. Eux seuls aimeront à y vivre. Les populations étrangères que l’immigration transatlantique vomit tous les ans par milliers sur nos bords, préféreront toujours se diriger vers les prairies de l’Ouest, où les premiers travaux de défrichement sont moins pénibles. La vigueur de nos colons ne recule pas devant les arbres de la forêt, le climat leur est salutaire et leur tempérament est fait à la rigueur de nos hivers. Sachons profiter du mouvement colonisateur qui agite le pays ; que le gouvernement ouvre de bonnes voies de communication, même qu’il ne craigne pas de pousser des lignes de chemin de fer dans les régions de l’intérieur et avant longtemps, le surplus de notre population aura remonté le cours de toutes les rivières, échelonnant des établissements continus sur les rives du St-Maurice, de la Rouge, de la Lièvre, de la Gatineau et de l’Ottawa. Bientôt des colons courageux, après avoir pénétré dans la chaîne des Laurentides, parviendront aux larges plaines qui s’étendent le long de la hauteur des terres et fonderont une succession non interrompue de paroisses, depuis la vallée du lac St-Jean jusqu’aux rivages lointains du lac Témiscamingue. »

Aussi Mons. Rameau, qui savait regarder de loin, et qui a porté des jugements si justes sur le développement futur de la race française en Amérique, disait-il en 1854[2].

  1. L’abbé Proulx. — Au lac Abitibi, p. 73.
  2. E. Rameau. — La France aux colonies, p. 233.