Page:Caron - Au grand lac Victoria, 1913.djvu/32

Cette page a été validée par deux contributeurs.

été fondée ; les élèves qu’elle forme accomplissent un beau travail. Je voudrais voir un groupe de ces ingénieurs déterminer d’une manière définitive et aussitôt que possible la richesse de nos forêts du Haut Ottawa, et tout le profit que la province pourra en tirer.

Pendant trop longtemps on a fait un massacre impitoyable de nos plus belles essences forestières, le colon en laissant brûler de grandes étendues de terrain, le commerçant de bois en fermant l’œil sur des coupes plus ou moins licites ; aujourd’hui on semble se ressaisir. Le colon comprend qu’il est de son intérêt de faire une petite réserve forestière sur ses concessions, le commerçant qu’il est de son devoir d’observer des règlements justes et sages. Nous pouvons donc espérer que nous conserverons pour de longues années encore, nos richesses forestières, du moins dans les parties jugées incultes. L’industrie en bénéficiera, et ce sera pour le plus grand bien de tous, car « la conservation du sol et la prospérité des classes agricoles dans le Canada français sont intimement liées au développement, d’après une méthode vraiment nationale, des industries dont la région fournit les matières premières et particulièrement les industries forestières. »[1]

C’est ce développement des grandes et des petites industries dans les régions de colonisation qui arrêtera l’émigration des nôtres à l’étranger, qui empêchera le peuple d’abandonner la campagne pour la ville.

Nos forêts de l’Ottawa pourront alimenter pendant de nombreuses années de grands moulins de pulpe ; le pin, l’épinette fourniront la matière première aux manufactures de boîtes, de portes, de châssis, etc. ; le bouleau qui s’emploie beaucoup aujourd’hui comme bois d’ébénisterie alimentera les fabriques de meubles. Les pouvoirs d’eau donneront la houille blanche, la force électrique qui actionnera les moulins de laine, de toile, etc.

  1. « L’indépendance économique du Canada-français. » — Errol Bouchette, p. 212.