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sence de Dieu, quand elle n’est pas effrayée par la rencontre de quelques fauves.

Ces premiers missionnaires retrouvèrent dispersés au milieu des forêts du Nord, les descendants de ceux qui autrefois avaient échappé aux coups des Iroquois. Le christianisme prêché à leurs ancêtres avait fait place à la plus honteuse idolâtrie, aux plus grossières superstitions ; les sueurs et les fatigues des envoyés de Dieu ne furent pas infructueuses ; ils eurent la consolation de ramener au christianisme toutes ces peuplades et d’établir parmi elles des chrétientés florissantes. En effet ces indiens sont doués d’un bon naturel ; une fois qu’ils ont embrassé la foi chrétienne ils y demeurent fortement attachés et remplissent avec beaucoup d’exactitude toutes leurs pratiques religieuses.

En 1844, sur les instances de Monseigneur Bourget, les Oblats de Marie Immaculée viennent s’établir au pays pour prendre charge des missions de son immense diocèse. À leur arrivée, le saint évêque leur confie les missions du Témiscamingue, de l’Abitibi et du St-Maurice. Le Père Laverlochère, surnommé l’« apôtre de la Baie d’Hudson » se rend au lac Abitibi et au Grand Lac durant les années 1845-1846 et 1847. En 1848, il abandonne le Grand Lac au Père Clément, et se rend, pour la première fois depuis les missions faites par les Jésuites, à la baie d’Hudson, qu’il visite jusqu’en 1858, année où une forte attaque de paralysie le terrasse au milieu des grands bois, et l’oblige à interrompre pour toujours ses missions.

En 1868, il revient au Témiscamingue ; c’est là qu’il mourut le 4 octobre 1884, à l’âge de 72 ans. Son corps repose dans le petit cimetière des Indiens auprès de ses chers enfants des bois qu’il avait tant aimés. « Sur les bords d’un lac lointain dans une vaste solitude longtemps ignorée, cette tombe où reposent les restes d’un homme qui a sacrifié sa vie à ses semblables, qui est mort martyr de sa charité, de son amour pour les hommes, est bien plus belle, bien plus éloquente que les plus beaux monuments funéraires élevés