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son entendement pour en chasser de nobles idées, et de détruire en soi certaines facultés pour faire pièce aux dévots. « Il n’est pas nécessaire, il n’est pas utile de tant affirmer le néant, dont nous ne savons rien. Il me semble qu’en ce moment on va trop loin, dans l’affirmation d’un réalisme étroit et un peu grossier, dans la science comme dans l’art. »

On le voit, elle s’est graduellement affranchie des jougs de coterie qui ont pesé sur elle si durement, et de l’influence excessive de certains personnages qui l’ont presque dépossédée d’elle-même. Elle se retrouve et se ressaisit avec ses convictions et aussi ses chimères mais du moins avec celles qui sont bien à elle et qui constituent son moi. Elle remonte à un niveau d’où sa passion et surtout celle des autres l’avaient fait trop souvent descendre.

Dans l’intervalle, des talents nouveaux avaient surgi. Au moins dans l’ordre de ses travaux personnels, elle ne voulait en ignorer aucun. Elle s’intéressait vivement à ces diverses manifestations de la vie littéraire. Elle avait été en relations d’exquise courtoisie avec Octave Feuillet, qu’elle loua vivement et spontanément pour le Roman d’un jeune homme pauvre ; elle resta même avec lui en excellents termes jusqu’à l’apparition de l’Histoire de Sibylle, qui provoqua de sa part une réponse amère et passionnée, Mademoiselle de la Quintinie. Elle avait suivi avec intérêt les débuts d’Edmond About, elle y avait applaudi non sans quelques protestations contre le système de la raillerie perpétuelle. « On s’est beaucoup