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publiciste, Byron, Goethe, Leibniz et Rousseau, il était resté quelque parcelle qui roulait un peu confusément dans le vaste et puissant courant de sa vie cérébrale. Elle ne cessait de recommander cette méthode aux dilettantes, aux amateurs, ou bien encore aux jeunes paresseux qui s’adressaient à elle, comme à une conseillère commode qui allait leur dire : « Vous avez du génie ; fiez-vous à lui et marchez sans crainte ». C’est ce que répondent d’ordinaire les grands avocats consultants de la gloire à tous les solliciteurs qui les importunent et à qui ils envoient bien vite, pour s’en débarrasser, quelque compliment stéréotypé, avec leur bénédiction littéraire. George Sand s’abstenait de payer en ce genre de monnaie banale les jeunes aspirants à l’art : « Vous voulez être littérateur, écrivait-elle à l’un d’eux, je le sais bien. Je vous ai dit : Vous pouvez l’être si vous apprenez tout. L’art n’est pas un don qui puisse se passer d’un savoir étendu dans tous les sens… Vous pouvez être frappé du manque de solidité de la plupart des écrits et des productions actuelles : tout vient du manque d’étude. Jamais un bon esprit ne se formera s’il n’a pas vaincu les difficultés de toute espèce de travail, ou au moins de certains travaux qui exigent la tension de la volonté. » Elle est implacable, pour ceux à qui elle s’intéresse, sur cette hygiène préparatoire de la volonté qui ne conduit pas à l’érudition proprement dite, mais qui développe une aptitude spéciale à tout comprendre, le jour où il le faudra et où l’écrivain le voudra. L’art