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ohant qu’elle avait destiné de mourir, et c’est là, en effet, qu’elle mourut, à l’âge de soixante-douze ans, le 8 février 1876. Elle n’avait aucune raison d’être discrète sur sa position matérielle : « Mes comptes ne sont pas embrouillés. J’ai bien gagné un million avec mon travail (en 1869) ; je n’ai pas mis un sou de côté ; j’ai tout donné, sauf vingt mille francs, que j’ai placés pour ne pas coûter trop de tisane à mes enfants si je tombe malade ; et encore ne suis-je pas bien sûre de garder ce capital ; car il se trouvera des gens qui en auront besoin, et si je me porte assez bien pour le renouveler, il faudra bien lâcher mes économies. Gardez-moi le secret, pour que je les garde le plus possible. »

Quand il lui arrivait de faire allusion à quelque circonstance de sa vie passée, elle avait une manière de s’absoudre elle-même, sans rien dissimuler, qui ne manquait pas d’une certaine originalité de bonne humeur : « Je dois avoir de gros défauts ; je suis comme tout le monde, je ne les vois pas. Je ne sais pas non plus si j’ai des qualités et des vertus. Si on a fait le bien, on ne s’en loue pas soi-même, on trouve qu’on a été logique, voilà tout. Si on a fait le mal, c’est qu’on n’a pas su ce qu’on faisait. Mieux éclairé, on ne le ferait plus jamais. » Peut-être trouvera-t-on cet examen de conscience trop complaisant et trop commode. Je le donne pour ce qu’il est et pour ce qu’il vaut, comme une preuve assez naïve qu’elle avait une indulgence universelle dont il lui semblait juste de profiter pour elle-même, ajoutant