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contemplation des hommes, après avoir porté dans son cristal tant de paysages mobiles, tant de scènes variées des villes et des champs. C’est l’image du style de George Sand, toujours fidèle au mouvement intérieur de sa pensée, qu’il représente et dessine dans ses élans, dans ses agitations, comme dans ses soudains apaisements.

On a beau jeu pour nous dire qu’après quarante ou cinquante années, ce style, au moins dans certaines parties, a vieilli comme d’autres parties de l’œuvre. Il y a, à la vérité, tout un attirail d’idées extérieures, de sentiments factices, de langage, propre à chaque génération et qui nous fait l’effet, quand nous le revoyons au grand jour, d’une toilette défraîchie, d’un habit hors d’usage. Cette loi de la décadence inévitable, qui ne touche qu’aux dehors du personnage humain, au choix passager qu’il a fait, à sa date, de certaines manières d’être ou de paraître, cette loi n’a pas épargné, chez Mme Sand, toute la partie sentimentale, le romanesque dans l’expression violente des sentiments ou l’invention des situations, l’invraisemblance exagérée des événements, l’emportement des thèses, la déclamation surabondante, l’excès d’un style trop lyrique, dont l’auteur lui-même souriait par moments ; voilà les parties caduques et condamnées qui ont sombré pour toujours et qui, pour tout autre écrivain, auraient entraîné le reste de l’œuvre dans un pareil et irréparable naufrage.

Mais ici quel désastre c’eût été que la perte de