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classes sociales, des caractères et des tempéraments, des influences physiologiques et médicales qui déterminent l’individualité de chacun, des hérédités que l’on subit à travers les âges, voilà la matière indéfinie et toujours variée du roman expérimental. Mais faut-il sacrifier à ce genre unique tous les autres genres et en particulier celui qui considère le roman comme une œuvre à la fois d’analyse et de poésie, comme George Sand le définissait d’instinct ? Prenons garde, le roman selon George Sand, c’est le vrai roman national ; si nous en croyons les interprètes des origines de notre littérature[1], il est né des anciennes chansons de geste ; il est de la même famille que la poésie ; et qui pourra d’ailleurs démontrer qu’on a tort de le comprendre ainsi ?

On notera, avec un soin pédantesque, les invraisemblances qui abondent dans les fictions de George Sand. Mais ne serait-il pas aisé de noter, en regard de l’invraisemblance des événements que l’on peut signaler chez elle, le défaut de logique des caractères chez les naturalistes le plus en vogue, l’inc

  1. « Roman, veut dire, au moyen âge, composition en langue romane, c’est-à-dire en français, et spécialement, comme les compositions le plus en honneur sont les chansons de geste, il prend le sens de chanson de geste. À la fin du moyen âge, il veut dire successivement chanson de geste mise en prose (roman de chevalerie), histoire en prose de quelques grandes aventures imaginaires, puis histoire en prose de quelques aventures inventées à plaisir, et finalement récit inventé à plaisir. Qu’on aille retrouver dans cette dernière évolution de sens la poésie écrite en roman ! » (A. Darmesteter, la Vie des mots, p. 16).