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nuance, deux noms suffisent ; nous pourrions en citer dix : Teverino et le Secrétaire intime. Ce sont là des récits conçus dans une heure de fécondité heureuse et qui semblent avoir été achevés sous la même inspiration fraîche et sans défaillance, de la première à la dernière page, sans un intervalle de repos ni de fatigue. Songes d’une nuit d’été, rêveries d’une journée de printemps, on ne sait de quel nom désigner ces fictions magiques, qui vous tiennent comme suspendus dans un monde légèrement idéal, où tout succède au vœu de l’auteur avec une complaisance des événements et une docilité des personnages qu’on ne trouve pas toujours en ce monde. Le Secrétaire intime est une fantaisie « qui lui est venue après avoir relu les Contes fantastiques d’Hoffmann » ; il a gardé quelque chose de son origine. Tout est invraisemblable dans cette principauté bâtie entre ciel et terre, aux ordres de cette souveraine énigmatique et ravissante, Quintilia Cavalcanti, tour à tour folle du luxe et du plaisir, et adonnée au plus sérieux labeur de la pensée, soupçonnée des plus noirs crimes d’amour, une Marguerite de Bourgogne qui se montre dans un cadre enchanté, puis tout à coup révélée à travers les aventures les plus contraires comme une épouse admirable, vertueuse et fidèle à un époux qu’elle adore dans l’incognito de son exil errant. L’amour légitime avec des airs d’aventurier ! Quel rêve enfin réalisé par Mme Sand ! C’est la seule manière, à ce qu’il paraît, de faire supporter le mariage. Et que d’épreuves pour le