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n’y eût pas deux écoles contraires en littérature, comme on se plaît à le répéter, celle de l’imagination ou l’idéalisme, celle de l’observation ou le réalisme. Je n’attache, pour ma part, qu’une médiocre importance à ces distinctions tranchantes de programmes et à ces prétentions absolues en sens divers. Peut-être même, en réalité, n’y a-t-il pas d’écoles littéraires proprement dites ; il n’y aurait que des tempéraments différents, organisés plus spécialement pour l’observation ou l’imagination : les uns plus sensibles à l’exactitude du détail, les autres donnant libre carrière à leur puissance d’invention. Une école se crée artificiellement lorsqu’un écrivain d’un tempérament donné, ayant expérimenté son initiative ou son succès dans un certain sens, s’institue, un beau jour, le maître d’un genre. Il se fait accepter, à ce titre, par une foule d’esprits secondaires qui prennent le mot d’ordre et se mettent à la suite, exagérant la manière de l’initiateur et dociles au succès, qui révèle souvent un goût changeant de l’opinion. C’est ainsi qu’on arrive à faire un système tout simplement avec les qualités et surtout avec les défauts d’un homme.

Toutes ces querelles d’écoles nous paraissent vaines. Il n’y avait pas eu, à l’origine, de dissentiment absolu entre Mme Sand et Balzac, qu’elle rencontra plusieurs fois dans les années de son noviciat littéraire à Paris. Elle déclare elle-même, avec un éclectisme très dégagé et une spirituelle tolérance, que toute manière est bonne et tout sujet fécond