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de l’âme, c’est le souvenir… » Cette page m’a toujours frappé comme un exemple de l’heureuse facilité avec laquelle Mme Sand mêle l’âme aux choses et l’homme à la nature.

On n’oublie plus ces paysages. Ils se marient si bien à la situation du roman ou au caractère des personnages, que les deux souvenirs restent inséparablement liés et n’en font bientôt plus qu’un. Est-il possible de penser à Valentine sans se reporter à cette scène enchanteresse où son âme, vaguement impatiente d’amour, en pressent le mystérieux appel dans la campagne déserte, qu’elle traverse seule, le soir de la fête, au pas négligent de son cheval, quand tout à coup, aux murmures de l’eau voisine et de la brise qui s’élève, vient se joindre une voix pure, un chant jeune et vibrant ? C’est Bénédict qui s’approche, c’est la rencontre, c’est l’amour ; la destinée fait son œuvre. Et André, qui de nous ne saurait le retrouver, s’il l’avait perdu ?

Il est là, bien sûr, dans cette gorge inhabitée, où de rivière coule silencieusement entre deux marges la verdure, promenant les rêves de son adolescence romanesque et troublée. Il est là, je l’ai vu, évoquant ses héroïnes, Alice et Diana Vernon, derrière ce massif de trembles où il a cru voir un jour passer une ombre, une fée, qui sera Geneviève. — Il y a des attitudes qui restent gravées dans l’esprit. « Il m’enveloppa dans mon couvre-pied de satin rose et me porta auprès de la fenêtre. Je jetai un cri de joie et d’admiration à la vue du sublime aspect déployé sous