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s’est bornée à développer des aphorismes aussi péremptoires que ceux-ci : « Le désordre des femmes est très souvent provoqué par la férocité ou l’infamie des hommes ». — « Un mari qui méprise ses devoirs de gaieté de cœur, en jurant, riant et buvant, est quelquefois moins excusable que la femme qui trahit les siens en pleurant, en souffrant et en expiant. » Mais enfin quelle est sa conclusion ? Évidemment cet amour qu’elle édifie et qu’elle couronne sur les ruines de l’infâme est son utopie ; cet amour est grand, noble, beau, volontaire, éternel ; mais cet amour, « c’est le mariage tel que l’a fait Jésus, tel que l’a expliqué saint Paul, tel encore, si vous voulez, que le chapitre VI du titre V du Code civil en exprime les devoirs réciproques ». C’est, en un mot, le mariage vrai, idéal, humanitaire et chrétien à la fois, qui doit faire succéder la fidélité conjugale, le véritable repos et la véritable sainteté de la famille à l’espèce de contrat honteux et de despotisme stupide qu’a engendrés la décrépitude du monde.

Malgré tout, l’objection de fond subsiste toujours. Comment tirer un pacte irrévocable d’éléments aussi changeants, aussi fugaces que l’amour ? Comment le sacrement social du mariage pourra-t-il avoir une chance quelconque de stabilité, s’il n’est que la constatation de la passion ? Ne faut-il pas toujours y faire intervenir un élément plus solide, plus substantiel, ou l’honneur ou un serment social, ou un engagement religieux qui lui donne une règle et un appui ? Et que deviendront, dans le péril de ces unions