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Un homme de haute taille, tout habillé de rouge des pieds à la tête, lui donna une poignée de main, lui dit qu’il était le bienvenu et l’invita à prendre quelques verres d’un excellent vin qu’il tenait en réserve pour ses hôtes. Puis il lui proposa de visiter le château. Le comte d’Aveluy accepta volontiers cette offre qui allait lui permettre de satisfaire sa curiosité, et l’homme rouge lui donna une paire de souliers à semelle fort épaisse qu’il le pria de chausser avant de commencer leur examen à travers les salles du château.

— « Mais à quoi bon ces souliers ? ne put s’empêcher de demander le comte.

« Vous le saurez bientôt. Suivez mon conseil et changez vos souliers de chasse contre ceux-ci. »

Le comte d’Aveluy remplaça ses souliers par ceux que lui donnait son hôte, et la visite commença. Après avoir traversé quelques salles qui ne se distinguaient en rien de celles que le comte avait vues jusqu’alors, on arriva dans une vaste salle dont la vue saisit d’horreur le visiteur : le parquet était couvert de milliers d’hommes retenus par de longs clous qui leur traversaient les mains, les pieds et tout le corps. Ces malheureux criaient, hurlaient, blasphémaient et demandaient grâce ; puis ils