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1°. faire prendre au système tous les mouvements géométriques dont il est susceptible ;

2°. traiter encore comme tels tous ceux qui le deviendraient, en supprimant quelque Machine ou partie de Machine, dont l'action sur le reste du système soit nulle, ou en regardant comme perméables l'un à l'autre les corps entre lesquels, quoique adjacents, il ne s'exerce aucune pression ;

3°. enfin, si l'on est en doute que tel fil, verge ou partie quelconque de Machine ait ou non une action réelle sur les autres parties du système, ou qu'il y ait pression réelle entre deux corps adjacents, il faut éclaircir d'abord ce doute, en supposant la chose en question, comme on l'a expliqué ci-dessus, et en traitant comme géométriques les mouvements que ces suppositions auront fait découvrir pouvoir être pris pour tels.

D'après cette remarque, il paraît donc à propos d'étendre le nom de géométriques à tous les mouvements, qui sans l'être effectivement, le deviennent, en supprimant quelque Machine ou partie de Machine qui n'influe en rien sur l'état du système, et en regardant aussi comme parfaitement perméables l'un à l'autre les corps qui se touchent, sans qu'il s'exerce entre eux aucune pression, c'est-à-dire sans qu'il y ait autre chose qu'une simple juxtaposition : ainsi nous comprendrons dorénavant tous ces mouvements, sous le nom commun de mouvements géométriques, puisqu'en effet ils se déterminent également par des opérations purement géométriques, et s'emploient de même pour tirer de l'équation générale (F), des équations déterminées, attendu que la propriété générale et exclusive[1] de ces mouvements, est de changer

  1. Il est évident que cette propriété appartient successivement aux mouvements que j'appelle ici géométriques, et que ce serait par conséquent en avoir une idée très fausse, que de les regarder comme des mouvements simplement possibles, c'est-à-dire compatibles avec l'impénétrabilité de la matière : car, supposons par exemple que tout le système se réduise à deux globes adjacents, et se poussant l'un l'autre ; il est clair que si l'on force ces corps à se réparer, ou à se mouvoir en sens contraire l'un de l'autre, ce mouvement ne sera pas impossible, mais qu'en même temps les corps ne peuvent le prendre sans cesser d'agir l'un sur l'autre: ce mouvement n'est donc pas propre à remplir le but qu'on se propose, qui est de ne rien changer à l'action réciproque des corps.