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il s'en trouve qui, privés de l'inertie commune à toutes parties de la matière telle qu'elle existe dans la nature, ont retenu le nom de Machines.


IX. Cette abstraction pouvait simplifier dans certains cas particuliers, où les circonstances indiquaient ceux des corps dont il convenait de négliger la masse, pour arriver plus facilement au but ; mais on conçoit que la théorie des Machines en général est devenue réellement plus compliquée qu 'auparavant ; car alors cette théorie était enfermée dans celle du mouvement des corps tels que la nature nous les offre ; mais à présent il faut considérer à la fois deux sortes de corps, les uns tels qu'ils existent réellement, les autres dépouillés en partie de leurs propriétés naturelles; or, il est clair que le premier de ces problèmes est un cas particulier de celui-ci ; donc celui-ci est plus compliqué que l'autre : aussi, quoiqu'on parvienne aisément par de pareilles hypothèses, à trouver les lois de l'équilibre et du mouvement dans chaque Machine particulière, telle que le levier, le treuil, la vis, il en résulte un assemblage de connaissances dont la liaison s'aperçoit difficilement, et seulement par une espèce d'analogie; ce qui doit nécessairement arriver tant qu'on aura recours à la figure particulière de chaque Machine, pour démontrer une propriété qui lui est commune avec toutes les autres : ces propriétés communes étant celles que nous avons en vue dans cet Essai, il est clair que nous ne parviendrons à les trouver qu'en faisant abstraction des formes particulières : commençons donc par simplifier l'état de la question, en cessant de considérer dans un même système des corps de différente