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Enfin, un défaut qu'il me paraît qu'on peut encore reprocher au principe de Descartes, ainsi qu'à tous ceux où il s'agit du petit mouvement qui naîtrait dans le système, si l'équilibre venait à être troublé, c'est qu'ils n'indiquent pas la manière de déterminer ce petit mouvement; or, s'il faut pour cela avoir recours à quelque nouveau principe mécanique, le premier n'est donc pas suffisant ; et si on peut le déterminer par pure géométrie, quelle en est la manière ? C'est ce que ne dit pas le principe : et qu'on ne dise pas que la proportion indiquée par le principe, a toujours lieu, quelque puisse être le mouvement, pourvu qu'il soit possible, c'est-à- dire compatible avec l'impénétrabilité des corps ; car ce serait une erreur ; et nous ferons voir dans la fuite que ces mouvements font assujettis à certaines conditions, en conséquence desquelles j'ai cru devoir leur donner le nom de mouvements géométriques.

On peut faire la même remarque sur tous les principes où l'on proposerait de considérer la Machine dans deux états infiniment proches l'un de l'autre ; car pour déterminer quels sont ces deux états, c'est-à-dire quel mouvement il faudrait que la Machine prît pour passer de l'un à l'autre, il faut ou employer de nouveaux principes mécaniques conjointement avec celui qu'on propose ; ce qui rendrait celui ci insuffisant ; ou la géométrie suffit; et dans ce cas c'est un défaut dans le principe, de ne pas faire connaître les conditions géométriques auxquelles ce mouvement est assujetti.


VI. Les deux lois dont on vient de parler sont bornées l'une et l'autre au cas de l'équilibre ; on passe aisément de ce cas à celui du mouvement,