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deux poids, le principe de Descartes apprend seulement que les poids doivent être en raison réciproque de leurs vitesses verticales ; mais il n'indique pas, comme le premier, que l'un de ces corps doit nécessairement monter pendant que l'autre descendra ; pour qu'un treuil, par exemple, à la roue et au cylindre duquel sont suspendus des poids par des cordes, demeure en équilibre, il ne suffit pas que le poids appliqué à la roue soit à celui du cylindre, comme le rayon du cylindre est au rayon de la roue; il faut encore que ces poids tendent à faire tourner la Machine en sens contraire l'un de l'autre, c'est-à-dire qu'ils soient placés de différents côtés, par rapport à l'axe, sinon leurs efforts étant conspirant, mettront la Machine en mouvement : il est donc évident que ce qui rend le principe de Descartes incomplet, c'est qu'en déterminant le rapport des puissances, quant à leurs valeurs ou intensités, il n'exprime pas que ces puissances doivent faire des efforts opposés, ni en quoi consiste cette opposition d'efforts : il est clair en effet que pour l'équilibre il faut que l'une des forces résiste tandis que l'autre sollicite ; or, c'est ce qui n'arrive pas dans le treuil qui vient d'être allégué pour exemple ; mais qu'est-ce en général qui distingue les forces sollicitantes des forces résistantes ?

C'est, ce me semble, ce qui n'a pas encore été déterminé : on verra dans cet Essai que la différence caractéristique de ces forces consiste dans l'angle qu'elles forment avec les directions de leurs vitesses, de sorte que les unes font toujours avec leurs vitesses des angles aigus, tandis que les autres font des angles obtus avec les leurs.