moitié plein, le vide n'est-il pas mu tout aussi bien que le fluide ? Je plonge une boule de métal, creuse, dans une bouteille ; la boule va au fond ; ne voilà-t-il pas un vide qui se meut dans un plein, tout de même que les corps C meuvent dans le vide ? L'espace plein ne diffère donc de l'espace vide, ni par la mobilité, ni par l'irréductibilité ; l'impénétrabilité qui distingue le premier du second, n'est donc pas la même chose que cette irréductibilité; c'est un je ne sais quoi qu'on ne peut définir, parce que c'est une idée première.
Les deux lois fondamentales dont je suis parti ( XI ), sont donc des vérités purement expérimentales ; et je les ai proposées comme telles.
Une explication détaillée de ces principes n'entrait pas dans le plan de cet ouvrage, et n'aurait peut-être servi qu'à embrouiller les choses : les sciences sont comme un beau fleuve, dont le cours est facile à suivre, lorsqu'il a acquis une certaine régularité ; mais si l'on veut remonter à la source, on ne la trouve nulle part, parce qu'elle est partout ; elle est répandue en quelque sorte sur toute la surface de la terre : de même si l'on veut remonter à l'origine des sciences, on ne trouve qu'obscurité, idées vagues, cercles vicieux ; et l'on se perd dans les idées primitives.