lesquelles il ne reste aucune ambiguïté : Ce serait me jeter dans des discussions métaphysiques, bien au dessus de mes forces, que de vouloir approfondir toutes celles qu'on a proposées jusqu'ici ; je me contenterai d'examiner la première et la plus simple.
Qu'est-ce qu'un corps ? C'est, disent la plupart, une étendue impénétrable, c'est-à-dire qui ne peut en aucune manière être réduite à un espace moindre : mais cette propriété n'est-elle pas commune au corps et à l'espace vide ; un pied cube de vide peut-il occuper un espace moindre ? Il est clair que non. Supposons qu'un pied cube d'eau, par exemple, soit enfermé dans un vase capable de contenir deux pieds cubes, et fermé de tout côté ; qu'on agite, qu'on bouleverse ce vase tant qu'on voudra, il restera toujours un pied cube d'eau et un pied cube de vide : voilà deux espaces d'une nature différente, à la vérité, mais tout aussi irréductibles l'un que l'autre : ce n'est donc pas en cela que consiste la propriété caractéristique des Corps.
D'autres disent que cette propriété consiste dans la mobilité ; l'espace indéfini et vide, disent-ils, est immobile, tandis que les corps peuvent se transporter d'un lieu de cet espace à un autre mais lorsque le corps A passe en B, par exemple, l'espace vide qui était en B, n'a-t-il pas passé en A ? Il n'y a, ce me semble, pas plus de raison d'attribuer le mouvement au plein qui était en A, qu'au vide qui était en B; le mouvement consiste en ce que l'un de ces espaces a remplacé l'autre ; et ce remplacement étant réciproque, la mobilité est une propriété qui n'appartient pas plus à l'un qu'à l'autre. Sans sortir de notre première supposition, lorsque j'agite le vase moitié vide et