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du mouvement, les uns font de la mécanique une science expérimentale, les autres une science purement rationnelle ; c'est-à-dire que les premiers comparant les phénomènes de la nature, les décomposent, pour ainsi dire, pour connaître ce qu'ils ont de commun, et les réduire ainsi à un petit nombre de faits principaux, qui servent ensuite à expliquer tous les autres, et à prévoir ce qui doit arriver dans chaque circonstance ; les autres commencent par des hypothèses, puis raisonnant conséquemment à leurs suppositions, parviennent à découvrir les lois que suivraient les corps dans leurs mouvements, si leurs hypothèses étaient conformes à la nature, puis comparant leurs résultats avec les phénomènes, et trouvant qu'ils s'accordent, en concluent que leur hypothèse est exacte, c'est-à-dire que les corps suivent en effet les lois qu'ils n'avaient fait d'abord que supposer.

Les premiers de ces deux classes de Philosophes, partent donc dans leurs recherches, des notions primitives que la nature a imprimées en nous, et des expériences qu'elle nous offre continuellement ; les autres partent de définitions et d'hypothèses : pour les premiers, les noms de corps, de puissances, d'équilibre, de mouvement, répondent à des idées premières ; ils ne peuvent ni ne doivent les définir ; les autres au contraire ayant tout à tirer de leur propre fond, sont obligés de définir ces termes avec exactitude, et d'expliquer clairement toutes leurs suppositions ; mais si cette méthode paraît plus élégante, elle est aussi bien plus difficile que l'autre ; car il n'y a rien de si embarrassant dans la plupart des sciences rationnelles, et surtout dans celle-ci, que de poser d'abord d'exactes définitions sur