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naissais un nommé Martin, bourrelier, établi au rez-de-chaussée deà la troisième maison au bas de la rue Baudimont. Nous bavardons longtemps sur le trottoir, sa femme est avec nous. Un obus éclate derrière la maison. Nous entendons le bruit de vitres brisées. Sans même aller voir le dégat, Martin dit à sa femme : « tu iras prévenir le vitrier. » Sa femme répond toute contrariée : « Tu prends toujours tout en riant. Tu sais bien que nous n’avons plus de papier huilé pour remplacer les vitres. Si nous continuons à employer des planches en guise de carreaux, nous ne tarderons pas à avoir une maison éclairée comme un terrier de lapins. »

Il est extraordinaire, jusqu’à quel point on s’habitue au danger ! On y devient indifférent. Il semblerait que l’on est fataliste. On vit, on circule au milieu des obus