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commencait et où finissait la grange. Des soldats emportaient des débris de charpente vers l’église. On voyait des bouts de bois calcinés. Est-ce que l’incendie que nous avions préparé, aurait eu un commencement de résultat ?

Louis et moi montons à la pâture. Elle est parsemée de trous d’obus. On ne pourrait trouver un carré de quatre mètres où la terre est intacte. Louis⁁, le bras tendu vers Fontaine, me dit : « Voilà la tranchée Hindenbourg ! Comme on la voit bien ! Les allemands nous voient encore mieux. ⁁S’ils le voulaient, ils tireraient apres nous. » Je lui réponds : « ils sont maladroits, et partout nous avons des trous d’obus pour nous abriter. » Ils n’ont pas tiré. Nous étions à quinze cents mètres de la tranchée.

Nous constatons qu’il ne reste pas un arbre dans le jardin. Les groseilliers eux-mêmes ont été coupés, ils ont repoussé en taillis. ⁁Le cimetière n’a pas été épargné. Cependant de nombreux caveaux sont encore intacts. Je pense aux boiseries de l’Église. Les décombres du clocher sont massés sur un tas de cinq à six mètres