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continuer, il s’empresse d’en informer le commandant, peut-être l’a-t-il circonvenu. À ce moment il y avait à Croisilles un tout jeune prêtre catholique, il accourt me prévenir que le commandant est dans une colère terrible : « Sauvez-vous, cachez-vous, dit-il, il a une cravache, il va vous frapper. » J’avance de quelques pas vers la porte pour me détacher des habitants et que le commandant ne s’en prenne pas au premier venu. Il fonce véritablement sur moi, m’empoigne de la main gauche au col du vêtement, sa main droite levée a des mouvements saccadés, sa cravache vibre. Mais nos regards se sont pour ainsi dire accrochés l’un à l’autre, nos yeux ne se quittent pas. Quand il s’est approché, j’ai conservé une immobilité, une impassibilité qui l’ont déconcerté. Durant plusieurs minutes, il m’apos-