Page:Carnet de guerre n°2 d'Alexandre Poutrain.pdf/249

Cette page a été validée par deux contributeurs.

elle les met dans l’alternative d’avoir à choisir entre la ruine ou la mort. »

Nous nous serrâmes cordialement la main, je le plaignais sincèrement.

Douze jours apres, nous l’entendîmes rentrer un soir entre vingt et vingt et une heures. Le lendemain à cinq heures, il partait, emportant sa cantine. Nous ne le revîmes plus. Je n’ai pas pu savoir ce qu’il est devenu.

À quelque temps de là, je croise dans la rue Émile Sauvage. « Tu connais la nouvelle ? » me dit-il, « tu sais que le docteur X était logé chez moi depuis le début de l’invasion. Quand il est parti en congé forcé, il m’a dit qu’il ne verserait pas d’argent. Il est rentré avant hier soir à 21 heures. À 23 heures il partait aux tranchées vers Douchy. Le lendemain dans la matinée, il a été tué. » — « Tué ? » ai-je répondu, « ou assassiné ? »