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fruits. » Il donne un violent coup de poing sur le bureau, se lève, gesticule en me dévisageant. Brusquement, il se rassied, me tend le bout de papier habituel sur lequel sont inscrits les ordres pour le lendemain. Voyez, me dit-il calmé, vous devez livrer ici à la cuisine, chaque jour trente litres de bon lait. Ce lait est destiné aux soldats malades, j’exige du lait pur.

Nous livrions déjà ces trente litres de lait, fournis par douze ou quinze cultivateurs. Ce lait était peut-être à peu près naturel. Desormais Mme  Léon Sauvage, Savary et nous allons le livrer après l’avoir passé à l’écrémeuse. Quelques jours plus tard, le commandant m’appelle dans la matinée. Il me crie à tue-tête : « Vous livrez du lait écrémé ! — Non, Mr  le commandant. — Comment ! non, ce lait tourne ! — J’ai vu verser ce lait dans le récipient où il restait du lait de la veille. — Vous avez vu ça ? — Oui. »