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cond officier vient vers moi. S’arrête à deux mètres, allume une cigarette et fait demitour, en disant textuellement : « Ah ! zut, je n’ai pas le temps, nous verrons plus tard. »

Vers 15 heures, cet officier revient, me fait entrer dans la maison et me dit : « Vous êtes bien le maire de Croisilles ? Vous n’êtes pas prisonnier, vous avez accompagné des prisonniers. Le combat est suffisamment reculé, vous pouvez rentrer chez vous. Voila votre laissez-passer. » Je lui demande quel sera le sort des deux enfants. — Je n’ai rien à vous dire, ils vont tous être jugés prochainement. » — J’insiste, je voudrais pouvoir rassurer la famille. L’officier se fache m’ordonne de sortir sur un ton qui ne supporte pas la réplique.

La voiture m’attend dans la cour. Mon malheureux cheval est dans un état pitoyable, il est efflanqué, couvert de coups. Il me ramène péniblement et meurt le lendemain.