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Pour impressionner davantage la population, les soldats ont mis baïonnette au canon. Les otages marchent au milieu de la chaussée, espacés l’un de l’autre d’une vingtaine de mètres. Il se trouve que papa occupe le milieu.

En cours de route l’officier s’approche et lui propose de prendre son étrivière pour soulager la marche. Papa refuse. Malgré ce refus, l’officier entre en conversation. Il parle des familles nobles de la région. Papa lui dit : « Vous connaissez parfaitement notre pays. Vous êtes sans doute déjà venu en France ? — Non, Monsieur, j’y viens pour la première fois. Mes ancêtres ont quitté la France à la révocation de l’Édit de Nantes. Mais nous sommes toujours restés en relation avec la fraction de notre famille restée en France. À l’époque de la révolution, les seigneurs de Croisilles n’étaient-ils pas les de