Page:Carnet de guerre de Jean Marin.pdf/12

Cette page a été validée par deux contributeurs.

9e journée, 12 août 1913 Mercredi

La page n’est pas assez grande pour dire le quart de mes pensées de hier. J’aurai pleuré en voyant ses pauvres femmes, mères de famille, jeunes filles qui nous offrent de l’eau quand elles peuvent, même devoument à Chalon où je vois les dames de la Croix rouge nous apporter des boissons, pauvres mères de familles, qui ont abandonnés leur enfants, pauvre jeunes filles qui abandonnent leur familles pour les soldats de France, serez-vous plus courageuses que moi ?

Les pleurs me viendraient aux yeux si j’étais seul, mais les autres sont las comme moi, aussi tristes mais personnes ne le dit, moi pour rien je n’en veux parler n’y y songer. Ma pensée se reporte vers ma mère chérie et à ma Francine, pauvre petite, et toi pauvre mère tu ne reverras pas ton fils et moi je ne te reverrais pas. Et toi chérie à qui j’avais donné mon cœur je t’ai à peine aperçue en partant.