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Lundi 7e journée, 10 Aout 1914

C’est demain que l’on part ! Mais pour ou ? pour la boucherie tuer de ses semblables, et dire que l’on est au 20e siècle ! À 10 heures revue par le lieutenant colonel sur la place d’Armes, il nous fait une allocution, mais je n’en est pas entendus un mot, on l’applaudit puis on nous présente le drapeau, on rentre à la caserne pour manger la soupe. Dernier préparatifs ! Triste préparatifs. 96 cartouches par hommes. Que dire de cela. Le monde ne redevient-il pas à la sauvagerie, je ne veux plus y songer. Je sors malgré tous avec mon cousin Baudron pour souper et parler une fois encore de ceux que nous aimons. Je revois tous ceux de Varennes. J’apprends que Berthault et Soudy restent. Qu’en penser, sont-ils plus civilisés que nous, sont-ils moins français. Il ne faut songer à plus rien, s’étourdir dans le vin pour se tremper dans le sang. Je rentre et ne veux songer à plus rien.