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Les voilà à la fosse les Popes et les enfants (que j’appellerai le chœur) se rangent d’un côté — le sac d’ossements est là à terre avec la tête — Les femmes et les hommes hurlent plutôt qu’ils ne pleurent, et ils chantent toujours ! — quel chahut ! — puis ? on descend la bière et alors une femme s’agenouille et plusieurs chantent encore plus fort, le Pope Lui (ça c’est pas ordinaire) après avoir sourit, rit de toutes ses dents (quelles mœurs !), puis comme les gens se pressent autour du trou, un des hommes se met en colère et avec le manche de sa pelle les éloigne. on met la Le vieux pope verse du vin sur la tête de la morte on couvre le visage d’un voile puis le fossoyeur descend dans la fosse et met le couvercle — la terre commence à tomber, on met les ossements et avec une bâche les vieux effets pourris de la morte d’il y a trois ans ; puis chaque invité prend des poignées de terre fait le simulacre de cracher dedans (sans doute il y met son cœur) et la jette.

Puis ils vont tous se laver dans le ruisseau ils se jettent quelques gouttes d’eau sur la tête pour venir ensuite au repas qui a lieu dans le cimetière et auquel je n’ai pas assisté.


2 janvier 1918. — Depuis bien trop longtemps je n’ai écrit dans ce cahier. je dis trop longtemps car j’aurai eu des choses très intéressantes à y noter : Je ne l’ai pas ? fait car j’ai été très très occupé, et j’employais mon temps libre à écrire, ce que je n’ai pu faire très souvent.

C’est le 30 octobre que j’ai écrit ici je suis rentré à la compagnie le 1er Novembre je tâcherai de me rappeler un peu depuis cette