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Chacun pour soi, impossible de rien faire pour les camarades, on est fou, sourd, abruti, c’est l’enfer, le feu et le sang !

Voila trois jours que nous sommes là, ca se calme un peu mais il pleut, il pleut, il fait une boue ! C’est la relève, il n’y a plus de boyaux, c’est un sauve qui peut général, que chacun se débrouille, rassemblement au petit jour a Ablain St Nazaire, et c’est une course éperdue a travers balles et mitrailles, la pluie et le vent, a chaque instant l’ennemi lance des fusées.

Vlan ! en vitesse on s’allonge dans la boue et on repart le plus rapidement possible, on fait ce manège dix fois, quinze fois, quel existence !

Enfin on arrive au rassemblement par un, par deux, par quatre, d’autres viendront parfois le lendemain, triste secteur !

Repos de quatre jours à Petit-Servin. Il pleut toujours, le secteur de Souchez n’est plus qu’un lac de boue.

Nous retournons a ce fortin terrible, il y a tellement de la boue que ça nous rentre par la ceinture du pantalon, il faut deux heures pour faire un kilomètres.