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Dans la tranchée.

C’est la tranchée…

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Au-dessus de nous, partout, ça crépitte ou ça roule par longues rafales ou par coups séparés. Le sombre et flamboyant orage ne cesse jamais, jamais. Depuis plus de quinze mois, depuis cinq-cents jours, en ce lieu du monde où nous sommes, la fusillade et le bombardement ne se sont pas arrêtés du matin au soir et du soir au matin.

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Plus que les charges qui ressemblent a des revues, plus que les batailles visibles déployés comme des oriflammes, plus même que les corps a corps où l’on se démène en criant,

Cette guerre, c’est la fatigue épouvantable, surnaturelle, et l’eau jusqu’au ventre, et la boue et l’ordure et l’infâme saleté. C’est les faces moisies et les chairs en loques et les cadavres surnageant sur la terre vorace. C’est cela, cette monotonie infinie de misères, interrompue par des drames aigüs.