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cette couronne à sa fille, en joignant à cette disposition l’octroi d’une constitution calquée sur notre charte de 1814. Acclamés par la bourgeoisie et par une partie de la noblesse, les actes de D. Pedro avaient rencontré dans le clergé et dans la démocratie rurale, profondément hostiles en Portugal à toutes les innovations, une opposition énergique. Ces résistances, fortifiées par l’incertitude du titre en vertu duquel avait agi D. Pedro, et par les interprétations diverses que comportait la loi fondamentale de Lamégo, provoquèrent contre la royauté de dona Maria II, alors au Brésil, près de son père, une insurrection promptement réprimée, mais qui ne tarda point à renaître. La première défaite des insurgés portugais avait peuplé l’Espagne de réfugiés accueillis avec enthousiasme par tout le parti du rey neto, et avec une faveur évidente, par le gouvernement de Ferdinand VII. Une intervention militaire, ardemment sollicitée par les partisans de l’infant D. Miguel, fut un moment décidée à Madrid, afin de détourner le péril dont l’établissement du régime constitutionnel dans l’État voisin menaçait la monarchie absolue de Ferdinand VII, que la France était alors à la veille d’abandonner à ses propres forces en rappelant le corps d’occupation. Ce projet échoua par le débarquement opéré à Lisbonne, en 1826, d’une division envoyée par l’Angleterre en vertu d’un casus fœderis qui lui attribuait la garantie du territoire portugais. La France occupait encore à cette époque Cadix et les principaux points fortifiés du littoral : un conflit de l’Espagne avec l’Angleterre aurait donc pro-