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j’eus à lui obéir ! & quelle fut la reconnoissance d’André ! il se rétablit en peu de tems. Il ne pouvoit nous quitter, & je redoutois l’instant de son départ, lorsque mon Père tomba malade : il se crut obligé de rester pour m’aider à lui rendre des soins. En peu de jours la mort me l’enleva, & je demeurai maîtresse d’un bien considérable. Pendant tout ce tems, André n’osa me rien dire de son amour, & tout en lui m’en assuroit. Mais il devenoit plus sombre de jour en jour ; j’en fus alarmée, je n’osois lui en demander la cause ; lorsque je le surpris seul, & que je l’entendis prononcer quelques mots entrecoupés, qui m’apprirent qu’il alloit se disposer à me quitter.

Pierre Honorin.

Que fîtes-vous ?

Cécile.

Je lui en demandai la raison ; il me regarda, soupira & fondit en larmes. André, m’écriai-je, vous m’aimez ! croyez-vous que je l’ignore ? Vous n’êtes pas riche ; mais mon Père auroit approuvé le desir que j’avois de m’unir à vous, j’en étois presque sûre lorsque je l’ai perdu. Quelle est votre erreur, reprit-il ! Il ignoroit mon nom. Héritier d’une Maison