Page:Carmontelle - Théâtre de campagne, tome IV.djvu/339

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

l’ennemi de sa Maison, celui qui avoit achevé de le ruiner en suivant les mouvemens d’une haine irréconciliable, qui duroit depuis long-tems, prit le parti de cacher son nom à ses hôtes ; & mon Père, qui fut le chercher pour le faire transporter, l’ignora aussi.

Pierre Honorin.

Que de maux ces haines cruelles ont causés !

Cécile.

Celle-ci avoit fait sentir vivement à André, en m’aimant, le malheur de m’avoir vue. Quel fut mon étonnement, lorsque mon Père l’amena, de retrouver en lui cet objet que j’adorois & de le voir mourant ! Nos yeux se rencontrèrent, une douloureuse joie qu’il vit dans les miens le pénétra : je lus facilement tout ce qui se passoit dans son ame ; car la mienne étoit déjà d’intelligence avec la sienne.

Pierre Honorin.

Comptez que rien ne pourra désunir deux cœurs si bien formés pour s’aimer toujours.

Cécile.

Mon Père m’ordonna d’avoir soin d’André. Quelle joie cet ordre me causa ! quel plaisir