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la lecture, & j’y passerois des journées ; mais quand on a lu une heure, vous sentez bien qu’on s’ennuie. Je vais faire des visites ; on trouve du monde ou on ne trouve personne, cela est égal, on voit toujours la campagne, & rien n’amuse comme les différens tableaux qu’elle offre aux yeux d’un Amateur de la Nature ; mais quand on a beaucoup couru comme cela, on s’ennuie ; je reviens chez moi, je me repose & j’envoie chercher mon Curé qui a une conversation tout-à-fait agréable, & j’aime beaucoup à causer, mais à la longue cela ennuie, je demande à souper. Je suis bien-aise de le voir manger, il a le plus grand appétit & il boit très-bien, mais comme je ne soupe pas, moi, cela m’ennuie à la fin, ainsi nous nous séparons. Ma foi ! quand je suis seul, je n’en suis point fâché ; parce que j’aime à penser un peu à mon aise ; mais quand on a pensé beaucoup, on s’ennuie, je me couche à huit heures, & le lendemain je fais la même chose.

Le Chevalier.

Et toujours sans vous ennuyer ?

M. de Rouvieux.

Sans m’ennuyer.