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profonde & une habitude continuelle du théâtre. Mais, répondra-t-il, je ne veux pas jouer en comédien, et il aura raison. L’on n’amuse le spectateur que par la plus exacte vérité, & quelques particuliers l’ont prouvé sur des théâtres de société ; aussi ont-ils fait le plus grand plaisir aux connoisseurs du meilleur ton ; mais ils jouoient des pièces faites pour eux ; aussi ils étoient loin d’imiter les défauts des Comédiens, en voulant imiter leurs talents. Cela est si vrai, que l’usage qu’ont pris plusieurs d’entre eux de bégayer, d’hésiter, d’ajouter des ah, des oh, & des mais, même dans les pieces en vers, devient contagieux pour les Acteurs de société. Mais ces derniers n’en sont pas moins satisfaits de leur jeu, & prennent pour vrai les compliments qu’on se croit obligé de leur faire, & dont on se dédommage bien en revenant de les voir jouer. Il faut être bien fou, dit-on, pour tuer les chevaux pour aller voir des pieces que l’on connoît, & qui sont cent fois mieux jouées à Paris ; moi sur-tout qui avois