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connu le Comte autrefois, qu’il auroit pu ne pas le reconnoître aujourd’hui.

Le COMTE.

Non, Madame, je ne suis plus le même, mes remords m’ont bien changé, mon cœur n’a jamais cessé de vous adorer ; au milieu de mon égarement je me suis abhorré moi-même, les premiers reproches que j’ai éprouvés, ce sont les miens. Je mérite une haine éternelle ; mais si vous m’avez aimé

La MARQUISE.

Ne prononcez pas ce mot-là.

Le COMTE.

Le malheur peut nous entraîner une fois ; mais après cela, le flambeau de la Raison vous répond de la conduite du reste de la vie. Qui n’a rien éprouvé, ne sauroit répondre de soi.

La MARQUISE.

Et si vous m’aviez véritablement aimée, comment auriez-vous pu consentir à me trahir ?

Le COMTE.

Je vous l’ai dit, Madame, mon cœur n’a point eu de part à ce délire : oubliez cette faute, c’est toute la grace que je vous demande ; si je continue à être privé de votre estime, je ne réponds pas de mon désespoir.