Page:Carmontelle - Proverbes dramatiques, Tome 4.djvu/209

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

mander, que les affaires de mon Régiment m’obligent d’être à Versailles, presque tous les jours.

La COMTESSE.

Ce n’est pas ce que vous m’avez dit que je veux savoir ; c’est ce qui est, ce que vous ne m’avez pas dit.

Le VICOMTE.

Je serois bien embarrassé de vous dire autre chose.

La COMTESSE.

Je le crois, puisque vous ne me le dites pas. Avez-vous des projets d’ambition qui puissent m’allarmer ? Ne le craignez pas, je saurai sacrifier tout à votre gloire, & je ne me plaindrai pas.

Le VICOMTE.

Moi, avoir d’autre ambition que de vous aimer & de vous plaire toute ma vie ! Ah ! Madame ! ne le croyez pas ; l’ambition étouffe la tendresse, elle est avide, ne jouit jamais ; & je perdrois, pour elle, un bonheur réel, sans lequel il me seroit impossible de vivre ! Non, Madame, vous ne devez avoir aucune inquiétude. Bannissez toutes ces craintes, je