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me le reprocher, le tien, pour moi, semble augmenter encore ! Quelle union devoit être plus heureuse ! mais relisons la lettre que j’écris à mon oncle ; non, son âme ne sauroit être toujours sans pitié ! Que Pauline ignore, du moins, mon projet, s’il ne réussit pas.

(Il s’assied, une table devant lui, sur laquelle il y a un écritoire, & il tire de sa poche un papier qu’il lit.)

» Vous êtes bien vengé, Monsieur, de ma désobéissance, j’ai fait le malheur de tout ce que j’aime ; Pauline languit avec moi, dans la plus affreuse misere : sans avoir sçu mes torts envers vous, elle en partage la punition. Oui, Monsieur, elle se reproche sans cesse d’être la cause, quoiqu’innocente, qui m’a fait encourir votre indignation. Pourquoi, sans la connaître, avoir refusé votre consentement à notre mariage, & m’avoir forcé, par cette résistance, à vous demander les biens dont vous ne vous étiez chargé que par bonté, par amitié pour moi ? Ils m’ont été ravis ces biens, par un monstre qui, sous le nom d’ami, a trahi ma confiance. Ce n’est pas pour moi que j’implore votre pitié ; c’est pour une fem-