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Scène III

ALMÉNORADE, ELMIRE.
ALMÉNORADE.

Adieu !Que m’a-t-il dit ! quoi, ce n’est pas un songe !
Dans quel abyme affreux un tel amour me plonge !
Le retour d’Orcanor, faisoit tout mon bonheur,
Ce retour à présent me comble de frayeur ;
Je crains pour lui, pour moi, pour cet amour fidelle…
Je devrois l’éviter !… quelle peine cruelle !
Te fuir, cher Orcanor ! quand le plus tendre amour
Devroit te couronner avant la fin du jour !
Elmire, soutiens-moi… quels conseils dois-je suivre ?
Pour toi, barbare affreux, non je ne saurois vivre.

ELMIRE.

Dissimulez, Madame, & devant le Sultan,
Ayez ce doux regard qui flatte un tendre amant ;
Il est doux de tromper le tyran qu’on abhore,
Quand c’est pour conserver l’amant que l’on adore.