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Dans le Prince Orcanor, voit toujours son vainqueur ;
Je n’en saurois douter, son ardeur est extrême.

HASSAN.

Vous le croyez, Seigneur ?

Le SULTAN.

Vous le croyez, Seigneur ? Tout prouve qu’elle l’aime ;
Mais pour m’en assurer, de cet ambitieux
J’avance le retour en ces lieux aujourd’hui.

HASSAN.

Quel est votre projet ? Comment ! Couvert de gloire,
Voulez-vous lui montrer, après cette victoire,
Que sur les Maroquins, il vient de remporter ?…

Le SULTAN.

Lorsque je veux parler, veux-tu bien m’écouter :
Fait pour ramper, tu veux, ainsi que le vulgaire,
Pénétrer mes desseins ! c’est le sort ordinaire
De nos ingrats Sujets ; leurs desirs curieux,
Sur les décrets du Trône osent lever les yeux :
Quand le fer du fourreau, sortant brille & s’apprête,
On voit encor lever leur imprudente tête…
Mais j’entends Orcanor, il vient dans ce séjour
Aux yeux d’Alménorade exprimer son amour ;
De cent coups de poignard, tu vas quand tu te flatte,