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Le CHEVALIER.

Aurois-je jamais pu penser que je dusse avoir un pareil reproche à vous faire, sans craindre de vous offenser ! Ah, Comtesse, non, votre cœur n’a pu vous dicter ce billet.

La COMTESSE.

Quoi, vous vous plaignez ; quand au même instant, vous êtes encore plus coupable, quand je craignois tout de votre désespoir…

Le CHEVALIER.

Et vous êtes-vous trompée ? non, Madame, j’en mourrai ! vivez heureuse ; puisque vous pouvez l’être encore sans moi.

La COMTESSE.

Ingrat ! connoissez-vous si peu mon cœur ! ah, sans doute ; puisque vous avez consenti à le perdre. Quelle étoit mon erreur !

Le CHEVALIER.

Que dites-vous, ô ciel !… quelle joie insensée !… ah, Madame, si je vous parois actuellement indigne d’un si doux retour, le temps, mon repentir, tout vous prouvera que c’est un égarement que je ne me pardonnerai jamais ; trop heureux si je puis espérer qu’un jour vous me regretterez !