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HENRIETTE.
Vous ne l’aimez plus ?
La COMTESSE.
Non, & voilà ce qui me tourmente.
HENRIETTE.
C’est pourtant ce qui devroit vous tranquilliser ; ce n’est que lorsque l’on aime, qu’on est tourmentée…
La COMTESSE.
Je vois bien que tu ne me comprends pas ; car enfin, qu’ai-je à reprocher au Chevalier ? rien. On ne sauroit aimer plus vivement, avec plus de délicatesse… Il est affreux d’être ingratte sans le vouloir, sans aucun sujet de plainte.
HENRIETTE.
Moi, Madame, je ne vois rien là d’affreux ; vous êtes comme vous étiez avant de l’aimer.
La COMTESSE.
Tu ne conçois pas que mon indifférence va faire son malheur ?
HENRIETTE.
Il est vrai qu’il perdra beaucoup, en perdant un cœur comme le vôtre, Madame ; mais puisque vous ne le quittez pas pour en aimer un autre, quel tort avez-vous ? on n’est pas maître