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LES FEMMES.

le plus tendre qu’elle m’eût jamais écrit. Je répondis sur-le-champ que j’allais la voir. Je m’habillai promptement et j’arrivai chez elle la rage dans le cœur et le désespoir dans les yeux. Qu’avez-vous donc ? me dit-elle, avec le son de voix le plus tendre, vous m’alarmez ! Cette voix mal assurée, sa langueur et sa beauté qui peignait l’effroi, portèrent dans mon ame une sensibilité douloureuse qui me fit tomber dans un fauteuil la tête appuyée sur mes deux mains. Elle s’approcha de moi avec précipitation, me serra contre son sein ; je sentis palpiter son cœur ! Cependant, j’eus la force de lui dire : Laissez, laissez-moi vous fuir, vous ne me séduirez plus, c’en est fait, et c’est pour la vie. Non, reprit-elle, ce n’est pas vous qui me tenez ce langage, votre cœur ne saurait être d’accord avec votre bouche, et je ne veux écouter que lui ; regardez-moi, que je lise