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CHAPITRE VII.

— Elle était gaie à son piano, dont elle joue supérieurement. Je me suis avisé de lui demander de qui était la pièce qu’elle jouait ; j’étais debout auprès d’elle ; en me répondant elle a levé les yeux en haut pour me regarder ; je n’ai jamais vu un regard si tendre.

— Et quelle est donc cette divinité ?

— Madame de Fontaine ; la connaissez-vous ?

— J’en ai entendu beaucoup parler à propos de son goût pour la musique, et de la supériorité de ses talens.

— Je vous le dis, il n’y a rien de pareil à cette femme-là.

— Et savez-vous la musique, vous ?

— On me l’a montrée pendant dix ans, sans que j’en aie jamais pu déchifrer une note.

— Ses talens vous ennuieront.

— Point du tout ; ne savez-vous pas que les vrais talens embellissent toujours les femmes qui les possèdent ?